Et ce n’est pas l’ADQV qui le dit, mais un article du Midi Libre du 19 janvier 2019.
L’usine de transformation des déchets de la métropole de Montpellier cumule les déboires depuis sa mise en service. Elle doit transformer les ordures ménagères en biogaz énergétique. Le principe, qui allie recyclage et production d’énergie verte, a sur le papier tout pour plaire. Mais l’usine, construite par Vinci et gérée par Suez, peine à remplir les objectifs qu’elle s’était fixée. Elle a également coûté à la collectivité beaucoup plus cher que prévu, et expose salariés et riverains à des nuisances importantes.
Son procédé technique, autrefois vanté par les écologistes, est désormais totalement décrié.
C’est un projet qui avait tout pour plaire. Une usine de traitement des déchets ajoutant au recyclage l’autosuffisance énergétique. Mais à l’usine Ametyst, construite à Montpellier par Vinci et gérée via une délégation de service publique par l’entreprise Suez, l’idée d’une industrie des déchets vertueuse n’a pas résisté à l’épreuve du réel. Depuis son ouverture en 2008, le projet oscille entre fiasco financier, défauts de fonctionnement et nuisance pour les riverains.
« La filière économique du compost, c’est du vent ! Ametyst est une entreprise de démolition écologique », dénonce François Vasquez, président de l’association de riverains de la zone d’activité Garosud, installée au sud de Montpellier.
Sur le papier, le principe de l’usine est ambitieux : transformer les ordures ménagères résiduelles, les déchets qui restent après les collectes sélectives, en ressource énergétique, grâce à la méthanisation. Les ordures ménagères sont transformées en biogaz, capté afin de produire ensuite de l’électricité et de la chaleur. En fin de chaîne, les ordures qui demeurent finissent en compost pour l’agriculture. Voilà pour la théorie. Dans la pratique, les usines fonctionnant sur ce procédé qui a émergé il y a une vingtaine d’années en France n’ont pas fait illusion bien longtemps.
Plus de nuisances que de résultats
L’usine Suez de Montpellier aussi est loin des ambitions affichées au lancement. Un simple chiffre suffit pour comprendre ce fiasco : seuls 10 % des déchets qui entrent dans les tuyaux sont valorisés par l’usine Ametyst. C’est encore pire concernant la production de compost : 9000 tonnes selon le rapport d’activité pour l’année 2016, très loin de l’objectif de 33 000 tonnes affiché dans le cahier des charges.
Cette constatation est confirmée par un rapport de la COUR DES COMPTES de février 2017 dont je vous livre un extrait
3 – L’avenir incertain de la méthanisation des ordures ménagères résiduelles (OMR)
La déclinaison des objectifs « déchets » du Grenelle de l’environnement a conduit, s’agissant du traitement des ordures ménagères résiduelles, au soutien de nombreux projets de construction d’usines de tri mécano-biologique (TMB) méthanisation.
Or, cette technique représente un investissement coûteux, dont l’économie est fortement dépendante des débouchés pour les produits destinés au recyclage ou à la valorisation énergétique. En l’absence de ces débouchés ou si le processus conduit à la production d’un compost non conforme, les produits ne pouvant être valorisés doivent alors être incinérés ou stockés en centre d’enfouissement. Le coût de ces traitements s’ajoute alors à celui du tri mécano-biologique sans impact environnemental positif majeur252.
Dès lors que les ordures ménagères résiduelles peuvent contenir des déchets toxiques et des matériaux indésirables (verres, plastiques, métaux) qu’il est indispensable d’écarter du compostage, la production d’un produit répondant aux exigences réglementaires, qui tendent à plus de sévérité, impose des investissements plus lourds qu’une production de compost à partir de biodéchets collectés sélectivement.
252 Cf. avis de l’ADEME du 8 mars 2012 relatif au traitement mécano-biologique des ordures ménagères.
Rapport public annuel 2017 – février 2017
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